L'éco développement

À l'occasion de la conférence de Stockholm (1972: première conférence des nations unies sur l'environnement) le concept "d'écodéveloppement" est mis en avant comme  modèle de développement respectueux de l'environnement et de l'équité sociale.


Le terme d'écodéveloppement est utilisé pour la première fois par Maurice Strong, secrétaire général de la conférence de Stockholm sous l'influence de l'économiste Ignacy Sachs.

Une définition restrictive, à l'époque en faisait[1] « un modèle de développement des populations par elles-mêmes, utilisant au mieux les ressources naturelles et s'adaptant à un environnement qu'elles transforment sans le détruire »

Dès 1974, la déclaration de Cocoyoc[2] en fournira une définition plus riche:

« Un développement endogène et dépendant de ses propres forces, soumis à la logique des besoins de la population entière (et non de la production érigée comme une fin en soi), enfin conscient de sa dimension écologique en recherchant une harmonie entre l'homme et la nature »

Cette déclaration, qui est l'une des plus radicales que les Nations Unies aient concocté sur le sujet suscitera de nombreuses réactions. Elle propose en effet de lutter contre le sous-développement en arrêtant le surdéveloppement des pays riches et incite les pays en développement à s'appuyer sur leurs propres forces, à prendre confiance en eux et à apprendre à ne plus être dépendants des pays riches. C'est la notion de self reliance qui sera reprise dans le rapport de la Fondation[3] et qui propose un modèle local de développement fondé sur l'économie des ressources localement rares (énergies fossiles par exemple) et la mise en valeur des ressources localement abondantes (la main d'œuvre et la matière végétale, par exemple). Hammarskjöld

Le concept d'écodéveloppement s'oppose à un modèle de développement unique en réponse à un problème mondial.

Le point de départ de I. Sachs est la dénonciation du « mal développement » des pays dits développés et les conséquences qu'il provoque sur le reste du monde par domination, par effet d'entraînement et par effet d'imitation du modèle ». Il propose aux pays en développement de regarder notre mode de développement (et les problèmes auxquels nous sommes confrontés) non pas comme un modèle à imiter mais comme un anti-modèle à dépasser.


L'écodéveloppement apparaît plus comme une philosophie ou une éthique que comme une théorie et « faire de l'écodéveloppement » est en grande partie savoir tirer parti des ressources du milieu et faire preuve de « ressource » dans l'adaptation écologiquement prudente du milieu aux besoins de l'homme. (I Sachs parle d'autorégulation des besoins).


L'écodéveloppement se fonde sur 3 postulats éthiques :

- satisfaction des besoins fondamentaux réels des peuples

- développement autocentré

- symbiose entre l'homme et l'environnement

 

Ignacy Sachs[4] pense que le conflit entre la croissance et l'état de la nature peut se résoudre autrement que par l'arrêt de la croissance, l'enjeu étant de faire des choix de société et des modalités de croissance qui rendent compatibles le progrès social, la gestion saine des ressources et du milieu.

Il incite à repenser les stratégies de développement et les modalités de coopération en tenant compte de la diversité des situations, insiste sur la pluralité des valeurs et par conséquent la multiplicité des solutions en s'appuyant sur les ressources naturelles, économiques et humaines disponibles localement.


Le concept, jugé peu consensuel sera abandonné par la suite au bénéfice du Développement Durable qui en fournit une transcription modérée et ne propose pas un changement radical mais une adaptation du système actuel...

Il est aujourd'hui repris par les écologistes radicaux....



[1] Sachs, I. 1980, Stratégies de l'écodéveloppement, Paris, Editions Economie et Humanisme, Les éditions ouvrières

[2] Colloque d'experts organisé à Cocoyoc au Mexique par le Programme des Nations Unies pour l'Environnement et la commission des Nations Unies pour le Commerce et le Développement

[3] Rapport Dag Hammarskjöld, 1975, Que Faire ?, préparé à l'occasion de la septième session extraordinaire de l'assemblée générale des nations unies à Uppsala.

[4] Sachs, I. 1980, Stratégies de l'écodéveloppement, Paris, Editions Economie et Humanisme, Les éditions ouvrières, introduction, p12



14/11/2009
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